Philippe Hategekimana, l’ancien gendarme rwandais, fait appel de sa condamnation à perpétuité

Philippe Hategekimana, anciennement connu sous le nom de Philippe Manier après sa naturalisation française, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle présumé dans le génocide rwandais de 1994. Récemment, il a décidé de faire appel de cette décision, suscitant diverses réactions.

Le génocide rwandais, qui a eu lieu entre avril et juillet 1994, a entraîné la mort de plus de 800 000 personnes, principalement des Tutsi. Hategekimana, surnommé « Biguma » à l’époque, a été accusé d’avoir joué un rôle actif dans l’extermination des Tutsi. Il aurait notamment participé ou encouragé le meurtre de dizaines de Tutsi en avril 1994 dans la préfecture de Butare. L’accusation soutient qu’il a ordonné et supervisé la mise en place de barrages routiers destinés à contrôler et assassiner les civils tutsi.

La cour d’assises de Paris a reconnu Hategekimana coupable de presque tous les chefs d’accusation portés contre lui, le qualifiant d' »agent zélé » dans le plan d’extermination des Tutsi. Cependant, Hategekimana a toujours nié ces allégations, déclarant lors du procès : « Je compatis sincèrement aux souffrances endurées par les victimes. Le génocide à l’encontre des Tutsi est une réalité. Et j’en ai été le témoin. Mais je n’ai rien à me reprocher. »

La défense de Hategekimana a plaidé pour son acquittement, arguant que l’accusation était « bâtie sur du sable ». Ils ont remis en question la fiabilité des témoignages à charge, en particulier ceux de prisonniers interrogés en visioconférence depuis leur prison à Kigali.

La décision de Hategekimana de faire appel a été accueillie avec frustration par certains, dont Alain Gauthier, président du comité des parties civiles pour le Rwanda (CPCR). Il a déclaré : « C’est franchement insupportable, c’est désespérant ». Il a également souligné que sur les cinq procès de présumés génocidaires rwandais en France, « trois appels sont désormais en cours ».

La question de la justice pour les crimes du génocide rwandais reste un sujet sensible, en particulier en France. La décision d’appel de Hategekimana souligne la complexité et les défis associés à la poursuite de ces affaires, des décennies après les événements tragiques.